Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/370

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une relation entre les actes isolés de certains goëtes et leur qualité de Juif, on déclara que la religion juive, qui approuvait la mise en croix du Christ, recommandait en outre de répandre le sang chrétien, et on chercha obstinément des textes talmudiques et kabbalistiques qui puissent justifier de telles assertions. Or, ces recherches n’ont abouti que par suite de fausses interprétations, comme au moyen âge, ou de falsifications semblables à celles récentes du docteur Rohling que M. Delitzch a démenties[1]. Donc quels que soient les faits énoncés, ils ne peuvent prouver que, chez les Juifs, le meurtre des enfants ait été ou soit encore rituel, pas plus que les actes du maréchal de Retz et des prêtres sacrilèges qui célèbrent la messe noire ne signifient que l’Église recommande dans ses livres l’assassinat et les sacrifices humains. Existe-t-il encore, dans des pays orientaux, quelques sectes où l’on pratique de telles coutumes ? C’est possible[2] ; des Juifs font-ils partie de semblables associations ? rien ne permet de l’affirmer ; mais le préjugé général du meurtre rituel n’en reste pas moins sans fondement ; on ne peut attribuer les meurtres d’enfants, je parle des meurtres

  1. F. Delizsch : loc. cit.
  2. En 1814 se fonda en Bavière une secte chrétienne appelée « les frères et les sœurs en prières », dont les adeptes sacrifiaient des hommes à Dieu. Le fondateur de cette secte se nommait Pœschl. De même en Suisse en 1815, un certain Joseph Ganz fonda une association semblable, à laquelle il donna le même nom, et dont les membres pratiquaient les mêmes rites.