Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
LE HIBOU

des cousines, comme il y a des familles de loups, de renards et d’hommes.

La vieille ne riait pas. Elle repartit :

— C’est le même hibou ; il n’a pas de famille… pas plus que le payen qui est enterré dans la masure du bois.

— Comment ! il y a un homme d’enfoui là ?

— Pas un homme, un payen, que je dis, et le hibou que vous tuez de temps en temps, c’est son âme à ce payen… L’âme est immortelle, vous savez… Le curé le dit assez souvent.

Elle était bien convaincue de ce qu’elle affirmait. J’ajoutai :

— Il devait avoir l’âme noire, ce payen que l’on tue et qui ne meurt jamais. L’avez-vous connu ?

— Moi, non, mais mon père. Il vivait seul, n’aimait pas les pauvres et dépouillait les riches.

— Et ils ne se plaignaient pas, les riches ? demandai-je.