Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
102
SANG ET OR

remplissant, l’humble pièce d’une lueur molle et flottante. Ils éteignirent la bougie. Pourquoi une bougie ? Dépense inutile. Le bois ne coûte rien dans la forêt ; on peut vaillamment attiser la cheminée.

* * *

Il devrait dormir maintenant. Il était couché depuis une heure, une longue heure. Il dormait en effet. Il dormait d’un sommeil calme, profondément confiant, et un sourire de béatitude avait fait disparaître l’aspect trop rude de sa figure.

Le couple hideux s’approcha du foyer où le bois résineux flambait toujours.

La sacoche était fermée à clef. Il y eut un mouvement d’impatience.

— On ne peut toujours pas briser la serrure, disait la femme.

— Il faut voir tout de même, répliquait l’homme.

Ils s’assirent côte à côte, en face de la flamme et leurs visages inquiets et mauvais prenaient des teintes rouges comme du sang.