Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
110
SANG ET OR

hôtes, et ne touchons pas un sou de cette fortune qui s’offre à nous… À nous que le monde a ruinés et volés… Viens !

Ils entrèrent dans leur chambre. Le feu s’éteignit dans le foyer et d’épaisses ténèbres remplirent la maison. Ils feignirent le sommeil, car ils s’épiaient l’un l’autre. Des reflets d’or brillèrent devant leurs yeux fermés, dans la nuit… L’obscurité parut s’étoiler avec magnificence… Les piastres précieuses tourbillonnèrent comme une étincelante poussière… Des rêves de fortune ravissants et fous s’ébauchèrent avec délice, puis un sentiment de crainte, comme un souffle froid, les dissipa tout à coup… Mais ils revinrent toujours, et la volonté faiblissait… Elle, la Babylas, elle se disait, à la fin, étourdie par la cupidité :

— S’il se mêlait seul de cette affaire… Il devrait y songer… Pourquoi se mettre deux ?…

Et elle faisait semblant de dormir d’un sommeil profond.