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Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/160

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LE BŒUF DE MARGUERITE

plus grand nombre s’amusait de la façon originale dont il avait cinglé les superstitieux. Quelques-uns soutenaient qu’il avait un peu exagéré les défauts de ses paroissiens. D’autres disaient qu’il n’aurait pas dû rappeler l’ivresse, aussi accidentelle qu’antique, de notre vaillant ancêtre Noé ; qu’il n’aurait pas dû, surtout, supposer le bon Dieu capable de faire une sottise.

Cependant plusieurs persistaient encore à voir du surnaturel dans le bœuf de Marguerite, et se proposaient d’aller, le soir même, examiner consciencieusement cet animal qui faisait tant parler de lui.

Mon oncle qui les écoutait, leur dit d’un ton goguenard :

— Ne vous dérangez donc pas. Si c’est un bœuf comme les autres, c’est inutile, et, si c’est le diable, vous le verrez bien assez tôt.

* * *

À quelque temps de là, Marguerite tomba malade. Mon oncle qui revenait de la Rivière-Bois-Clair avec Olivier Bé-