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BAPTÊME DE SANG

conseil ? Pourquoi n’es-tu pas prisonnier toi-même ? Ne savent-ils point que tu es un rebelle comme moi ?

— Ils savent tout, fit-il d’une voix sourde. Impossible de leur échapper… Il vaut mieux se soumettre, cela les désarme et ils se montrent généreux.

— Et c’est ce que tu as fait ? demandai-je, d’une voix qui dut résonner loin, mes enfants !

Il ne répondit pas. J’entendis de nouveau des pieds qui retombaient dru sous le bois silencieux. Un éclair me traversa l’esprit, et je compris tout.

— Tu m’as vendu ! m’écriai-je, et tu me livres !… Judas ! Judas ! Judas !

— Sauve-toi ; tu peux échapper encore, répéta-t-il, presqu’à voix basse.

Et il disparut.

Les limiers saxons arrivaient. Je n’eus pas le temps de prendre mon fusil. C’était mieux sans doute. Dieu l’a voulu ainsi.

Je fus entouré, saisi, écrasé sur le sol vierge par ces impurs. Ils me mirent des