Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
186
LE JEUNE ACROBATE

échelons merveilleusement taillés dans la forêt, la verdure et le roc, avec ses champs encadrés de clôtures grises, ses prairies et ses pièces de grain, paraissait dormir sous un voile de satin moiré, sous un voile tissé en larges carreaux bruns et verts, oranges et safrans, où les coteaux formaient des replis moelleux et les ruisseaux, des fils d’argent.

La vue des pâturages verts et des troupeaux beuglants réveilla, dans nos gorges sèches, la soif du lait, et nous nous arrêtâmes devant une maison de bonne apparence, flanquée d’une laiterie de pierre. Un vieillard à l’œil vif fumait sa pipe à la porte, du côté du soleil. Il se leva, nous pria d’entrer et vint s’asseoir avec nous.

À peine avions-nous vidé le petit verre de politesse, qu’un bambin joufflu se précipita sur le seuil.

— Grand-père, cria-t-il, il y a des animaux dans le grain !

— Oui-dà ! On va voir… Excusez-moi, mes bons messieurs, fit le vieillard.