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LE JEUNE ACROBATE

les voir rire un peu. La vie est monotone aux champs, et les âmes qui pleurent y sont souvent laissées à elles-mêmes.

Dubosquet avait placé les siens en avant, sur des chaises, près de la grand’maman, et il s’était retiré un peu en arrière, au milieu d’un groupe d’amis, afin de rire plus à son aise.

Un jongleur déguisé en derviche ouvrit la séance d’une façon galante. Il sortit, d’un chapeau de soie haut et vide, une douzaine de bouquets parfumés qu’il offrit aux dames. Un loustic remarqua d’un ton sentencieux :

— Cela paraît naturel, mais ça ne l’est pas. Les couleurs viennent de vos yeux et l’odeur, de votre nez…

C’étaient de vrais bouquets cependant. Ensuite, il mangea de l’étoupe, cracha des flammes et déroula entre ses dents un long ruban rose. Il y eut un murmure d’approbation, surtout parmi les jeunes filles.

— On dirait que c’est du feu, reprit le même loustic ; il nous le fait voir ; c’est