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LE JEUNE ACROBATE

en revenant du champ si la journée avait été bonne ; il maugréait s’il était survenu un contretemps. Il allait à la messe tous les dimanches et chantait au lutrin. Mais il ne fallait pas lui parler politique, ou bien il fallait lui en parler de la façon qu’il aimait. La contradiction l’irritait ; il ne discutait pas, il tapait. Il n’y avait qu’un bon parti, le sien. Hors de là point de salut.

Il ne comprenait pas que le curé permit à Lubin Dubosquet de chanter au lutrin. Lubin appartenait au groupe des « Francs-parleurs. » Un groupe fait de vieux qui n’avaient jamais baissé pavillon, et de jeunes qui voulaient aussi mettre la main à la hampe. On y voyait germer la révolte. Il supportait mal l’autorité. Il devait obéir aux suggestions du grand orgueilleux biblique. Il n’était donc pas convenable qu’une voix, sortie de ce groupe, se mêlât de célébrer les louanges du Seigneur, à l’église, chaque dimanche. Il est vrai que ces louanges se chantaient en