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Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/217

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LE JEUNE ACROBATE

crois ; et si je n’étais pas si pressée de finir, je vous en raconterais de bien bonnes.

La messe allait se terminer tout à l’heure. L’officiant chantait d’une voix suppliante le « Pater Noster, » et tous les fidèles, l’âme au vol, s’unissaient à lui pour demander le pain quotidien. Le reste les touchait assez peu. Le pardon des offenses, surtout, paraissait une question assez embrouillée et de peu d’urgence. Quand les chantres répondirent avec ensemble :

« Sed libera nos à malo, »

Madame Dubosquet se sentit frappée au cœur. Une pensée, douloureuse comme un glaive qui fouille une blessure, l’obséda tout entière. Elle se mit à prier avec une ferveur nouvelle en regardant le saint tabernacle. Elle s’efforça de chasser cette idée absurde qui la tenaillait comme une angoisse. Elle se dit que c’était une tentation. Il fallait la mépriser. Dieu était là, sur l’autel. Il voyait sa peine et