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Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/223

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LE JEUNE ACROBATE

blanc. Elle pourrait aller porter des fleurs sur sa tombe ; elle pourrait, dans ses longues et tristes nuits, le voir voltiger comme un ange au-dessus de sa tête alourdie !

Dix années passèrent ainsi. La prière et la foi commençaient enfin à calmer, de leur baume divin, la blessure encore saignante. Le sourire revenait sur cette bouche qui avait bu tant de larmes.

Quand les saltimbanques vinrent planter leur tente sur la place publique et se promener dans le village, au son de la musique, avec un singe qui faisait des grimaces à tout le monde et passait le chapeau comme un homme, les enfants s’attroupèrent et suivirent en criant, riant et battant des mains. Ils promirent d’être sages, d’étudier, d’obéir, de prier, de se coucher de bonne heure, tout ce que l’on voulut enfin, si on leur permettait d’aller à la représentation du soir.

Madame Dubosquet céda, comme les autres, aux instances de ses enfants.