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MARIETTE

Il semble qu’à cette heure solennelle un doux effluve d’amour se répand dans les airs. Les fronts se relèvent, les courages se raffermissent, l’espérance rafraîchit, comme une ondée bienfaisante, les cœurs meurtris. Et pourtant il se trouve encore des âmes qui souffrent et des lits de douleur où la vie agonise.

Là-bas, dans la maison de madame Verchamp, une veuve très estimée, dormait, sur un lit tout blanc, une jeune fille malade. Elle dormait, et un songe agréable la visitait sans doute en ce moment, car malgré sa souffrance, elle souriait. Elle revivait peut-être un beau jour perdu, comme cela arrive parfois dans le sommeil. Elle était amaigrie, et la pâleur de ses joues faisait ressortir son grand œil noir plein de tristesse. Près d’elle, sa mère pleurait.

Sa mère pleurait, et en essuyant ses larmes du coin de son tablier, elle pensait :

Pourquoi l’a-t-elle tant aimée ?…

Soudain la porte s’ouvrit. Elle vit