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MARIETTE

Octave Desruisseaux qui traversait le clos voisin, la faux sur l’épaule, l’entendit et fut charmé. Il ne la connaissait point. Il devina qu’elle était belle et se prit à l’aimer, sans se demander s’il ne courait pas au désenchantement. Il était jeune, d’humeur agréable, bien découplé, laborieux, avec cela il serait bien maladroit s’il ne réussissait pas à décrocher un bon petit cœur. Cela ne tient pas tant après tout.

Il était de Sainte-Croix. Victor Poudrier l’avait fait venir pour les foins et les récoltes, car il passait pour vaillant. Sa faux allongeait de fiers andains, et son « javelier » couchait d’épaisses javelles, depuis les heures fraîches du matin jusqu’aux ombres de la soirée.

Un dimanche, la jeunesse se réunit, après le repas du soir, chez Marcelin Thiboutot, le forgeron, pas loin de la côte de sable. Octave et Mariette se virent et s’aimèrent. Ils gardèrent leur secret cependant.