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LES MARIONNETTES

Trois cents contre sept mille !… Mais nous étions des Voltigeurs !… Oh ! les Voltigeurs, on en parle encore !…

Et il continua, se grisant avec ses souvenirs héroïques comme avec un vin généreux :

« Les Américains voulaient conquérir le pays, comme cela, sans savoir si la chose nous était agréable. Ils nous auraient fait place dans l’Union et nous aurions eu notre étoile. Une étoile dans la grande constellation Américaine, c’était alléchant… Mais il eût fallu renoncer à l’espoir de devenir un peuple à part. Il est vrai que les Anglais faisaient aussi de sérieux efforts pour nous barrer le chemin, et nous empêcher d’arriver jamais à l’indépendance. Ils se disaient nos maîtres et se plaisaient trop souvent à nous faire sentir la pesanteur de leur bras… Il fallait de la générosité et de l’abnégation pour courir à la défense de leur drapeau. Nous ne voulions pas être Anglais, non plus. Le sang français ne s’était pas refroi-