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LES MARIONNETTES

Le vent commençait à souffler, et, dans cette lueur tamisée des fenêtres, la neige tourbillonnait comme une poussière d’argent.

Cependant la plupart des lumières s’éteignirent bientôt, et les maisons parurent de gros points noirs dans une blancheur laiteuse. Le grésil me fouettait la figure maintenant, et cela m’ennuyait. J’allongeai le pas afin d’arriver plus tôt. Il fait si bon près du poêle où flambe une écorce saturée de poix, quand dehors souffle la bise mordante. Et puis l’homme supporte mal un petit contretemps ; il se résigne mieux dans l’adversité. Il secouera le faix qui l’embarrasse légèrement, et portera avec courage le fardeau solidement ficelé à son épaule.

Dans son rideau de peupliers sans feuilles, la maison de Jean Duval me parut éclairée comme pour les jours de fête. On m’attendait, sans doute, et c’était en mon honneur que brûlaient tant de bougies. J’en ressentis de l’orgueil, et ma vertu d’humilité reçut une large blessure.