Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
271
LES MARIONNETTES

— C’est si drôle du monde si petit, remarqua la jeune fille qui allait s’amuser.

— Eh ! Mademoiselle, repris-je emphatiquement, nous ne paraissons pas plus grands que ces marionnettes, quand on nous regarde du haut du clocher. Il n’y a ni petits ni grands ; il n’y a que des comparaisons. La fourmi trouve énorme le joli pied d’enfant qui l’écrase, et l’éléphant trouve bien petit le joli pied qui écrase la fourmi… Tout de même ajoutai-je d’un ton plus conciliant, cela m’intéressait, je l’avoue, quand j’avais dix ans.

* * *

Une petite sonnette « tintina » soudain, annonçant le lever du rideau. Dans un encadrement de tentures rustiques, sur un fond de lumière, apparut une figure large, vieille, bronzée et bien connue. C’était le Muron… On le disait un ancien soldat, mais écumeur de champ de bataille, détrousseur de morts. La femme qui le suivait, la « Muronne, » Marie Germain,