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LES MARIONNETTES

phème à l’audace, elles appelaient cela de la charité.

Et parmi ces dernières, j’en remarquai une qui tournait, fiévreusement et tour à tour, les pages d’un traité d’astronomie et les pages d’une géographie. Elle s’agitait sur son siège, frappait du poing sur la table et jurait de sauver sa cliente.

Il s’agissait d’une séduction, d’un enlèvement, de quelque chose de monstrueux enfin. La coupable, une femme de quarante ans peut-être, avait enlevé un jeune homme encore sous la puissance paternelle. Il manquait douze heures à l’âge voulu pour l’émancipation. Le lendemain de l’attentat il eût été libre. Quelle hâte malheureuse ! Douze heures encore et le crime n’eût été qu’une idylle charmante.

Or, le jeune homme avait vu le jour dans une île de la baie de Bengale. Mais il était anglais. Les Anglais naissent anglais partout, surtout depuis qu’ils ont des îles dans toutes les mers, et des mers dans tous les continents. Il s’était échoué