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Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/319

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LES MARIONNETTES

peuple, le roi de la taloche est le plus populaire des souverains. On aime les coups bien portés, les muscles souples, les poings durs : on admire l’adresse, la ruse, l’agilité, toutes les vertus du corps. Je ne dis pas que l’on dédaigne les vertus de l’âme.

* * *

Ils se portèrent de rudes coups en pleine figure, d’un poing serré et sans gant. C’était affreux, et contre les lois du pugilat. Ils reculaient, puis bondissaient comme des béliers l’un sur l’autre. Leurs jambes flageolaient parfois, et l’on devinait l’épuisement. Ils poussaient de petits cris de fureur, comme s’ils se fussent haïs, et pourtant ils ne s’étaient jamais vus. Ils arrivaient des extrémités du monde pour se mesurer. Tous deux s’intitulaient champions de l’univers. Il y en avait un de trop. Comme si, plantés, l’un sur le pôle nord et l’autre sur le pôle sud, ils ne pouvaient pas se croire seuls maîtres de la terre.