Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/335

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
311
L’ANNEAU DES FIANÇAILLES

Bon ! voilà l’autre nommé. Maintenant que vous les connaissez tous, je continue. Nous suivîmes Labruère. Nous marchions d’un pas léger afin de ne pas faire crier le sable, et de temps en temps nous nous arrêtions pour écouter. Le cocher faisait sentinelle, ou dormait sur son siège.

Ici, fit Labruère, à voix basse, ici !

Un éclair jaillit de la nue, et dans la lumière rouge, sous les grands arbres, toutes les croix du cimetière parurent sortir de terre.

Hâtons-nous, dit Noé, il faut en finir avant l’orage.

Les bêches s’enfoncèrent dru dans le sable nouvellement, remué. Un quart d’heure s’était à peine écoulé que le tombeau rendit un bruit sourd. Les instruments l’avaient heurté. Un frisson passa dans les veines de mes compagnons. S’ils avaient eu le courage d’avouer leur peur, j’aurais avoué mes remords. L’amour propre nous scella la bouche mieux que les clous n’avaient scellé la bière.