— Ne parlons plus d’amour, car je suis morte. J’ai beaucoup souffert, mais aujourd’hui je ne souffre plus, je n’ai plus de corps.
— Depuis combien de temps êtes-vous morte, lui demandai-je ?
— Je n’ai pas compté les jours, parce qu’ici le soleil ne se couche jamais.
— Et pourquoi êtes-vous morte, vous, jeune et belle ?
— Pour laisser la place à la petite Irénée Caron.
La petite Irénée Caron, c’était la femme de Célestin. Nous partîmes d’un éclat de rire.
— As-tu encore peur de mes écus blancs ? demanda Graindamour, en tirant de son gousset quelques pièces d’argent.
La malheureuse fille pâlit tout à coup. Elle regardait les écus avec une fixité inquiétante, comme si elle eut vu s’y dessiner des figures extraordinaires. Soudain, elle repoussa la main de Célestin et s’enfuit en criant :
— J’ai peur ! j’ai peur ! j’ai peur !