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LE COUP DE FOURCHE

sillons noirs et fumants, ses compagnons couraient à l’église apprendre les grandes vérité de la religion ; puis un jour, le plus beau de leur vie, ils revenaient palpitants de bonheur : ils avaient communié. Enfin, un printemps, il put s’agenouiller à la table sainte et recevoir la nourriture divine, qui, depuis deux mille ans bientôt, soutient le chrétien dans son triste pèlerinage. Il revint tout joyeux à la maison. Il se jeta dans les bras de sa mère en pleurant ; il embrassa ses petits frères, ses petites sœurs avec une effusion touchante, puis courut au devant de son père qui rentrait de la grange. Son père lui dit rudement :

— Sauras-tu mieux gagner ton pain maintenant ?

L’enfant osa répliquer :

— Je saurai souffrir patiemment, et vous respecter toujours.

* * *

Il est, dans nos campagnes, une vieille et sainte coutume, c’est d’élever des croix de