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LE RÉVEILLON

s’accrochaient à l’humble lambris, comme pour le parer de guirlandes. À l’écurie, les chevaux faisaient semblant de s’ébrouer, puis ils piaffaient comme pour une danse, et leurs hennissements avaient des éclats de trompettes.

Ô l’adorable vigile !

Dès le premier coup de la messe, à onze heures du soir, je me dirigeai vers l’église. La cloche m’appelait, et le vent glacial se réchauffait aux caresses de sa voix pieuse. J’aurais eu ma place dans la « carriole, » avec les autres, mais j’aimais mieux entendre sous mes pieds le craquement de la neige, et sur ma tête je voulais voir, comme le mage, mon ancêtre, une étoile rayonner.

Je me figurais venir des plaines fleuries de l’Orient, avec des parfums inconnus et des bijoux d’or pour le nouveau-né d’Israël. Parfois je sentais l’émotion me gagner, et les yeux vers le ciel, je voyais dans le bleu sombre une poussière de feux se perdre en l’infinie profondeur. La nuit