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LE SPECTRE DE BABYLAS

Elle paraissait joyeuse et parlait volontiers de l’avenir heureux qui se levait devant elle. Le passé ne l’effrayait plus. Elle le voyait avec calme s’éloigner et se perdre en l’abîme qui s’ouvre éternellement derrière nous.

Le bateau accosta le quai, vers les cinq heures du soir, et nous débarquâmes avec la foule des passagers, par l’étroite passerelle où se précipitaient les cochers et les bouchers de la ville.

Une pieuse coutume appelait alors à l’humble église de Notre-Dame-des-Victoires les « habitants » qui venaient au marché ; et souvent la célèbre petite nef avait peine à contenir la multitude dévote. C’était un va-et-vient continuel. La porte roulait toujours sur ses gonds et le bénitier était mis à sec.

Après une bonne prière, on étalait ses denrées sur le pavé des halles et l’on guettait l’acheteur. Les choses se passent encore un peu comme cela aujourd’hui. On va parfois à l’église faire une prière avant de mettre en vente sa marchandise.