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FANTÔME

où grondaient des torrents invisibles. Ils avaient escaladé des rochers abrupts calcinés par le soleil. Grâce à leur connaissance de la forêt, à leur prudence, à l’ombre des arbres touffus, ils traversèrent heureusement la chaîne des Rocheuses, et descendirent dans l’immense prairie qui s’étend, comme un océan sans limites, vers le soleil levant. Désormais il fallait marcher à ciel ouvert. Plus de savane, plus de rochers, plus de ravins pour les protéger. S’ils étaient aperçus par les Indiens, ils seraient attaqués, et, s’ils étaient attaqués, pourraient-ils se défendre avec succès et sauver leur vie ?

Ils cheminaient à grands pas, dans le foin qui recouvre d’un voile mouvant l’immensité de la plaine, et en cheminant, ils regardaient à l’horizon, pour voir si la silhouette de quelque bande ne s’y lèverait point, comme un nuage menaçant.

Un soir, dit-il, le soleil, descendu lentement du ciel bleu, s’enfonçait dans les vagues lointaines de la prairie, comme un