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Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/465

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FANTÔME

Un vieux chantre au lutrin, le père José-Henri, qui mettait sa gloire à chanter plus haut que les autres les psaumes des vêpres, raconta comme il se hâtait de se rendre à l’église, le dimanche, pour servir la messe, ou s’asseoir dans les stalles dorées du sanctuaire, avec les autres enfants de chœur. Il se souvenait de son air digne et de sa démarche mesurée, alors que vêtu de sa jupe noire et de son surplis blanc aux larges manches, il était thuriféraire, les jours de grande fête. Nul mieux que lui ne balançait l’encensoir. Il faisait, d’un geste aisé, décrire à la chaîne luisante une courbe gracieuse ; et l’encensoir retombait mollement, sans bruit et sans perdre le feu bénit, puis remontait encore, trois fois pour le curé, trois fois pour chaque côté du chœur, et trois fois pour le peuple.

Alors un nuage d’encens roulait dans l’air tiède de l’église, et s’étendait comme un voile de gaze azurée sous les arceaux de la voûte.