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Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/499

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LE MARTEAU DU JONGLEUR

si je t’aimais moins… que veut donc faire mon père ?

— Regarde.

Le Jongleur avait enlevé le Christ de sa croix, et il se préparait à le clouer sur l’écorce du plus haut des arbres.

Onaïda se précipita vers son père.

— Ô mon père, cria-t-elle d’une voix suppliante, arrêtez !…

Si le Manitou des « Visages-pâles » est un puissant guerrier, il se vengera ! s’il est sans force et sans valeur, pourquoi le traiter ainsi ?… N’êtes-vous plus généreux ?…

Le Jongleur repoussa la fiancée de Matchounon, et, de son marteau de pierre, il enfonça des pointes aiguës dans les mains et dans les pieds du Christ.

Et le Christ resta suspendu au tronc de l’arbre frémissant.

Et les coups du marteau se répercutèrent dans les montagnes sauvages. Ils se répercutèrent loin, bien loin !

— Mon père ! mon père ! reprit Onaïda,