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PATRIOTISME

cueille des cerises sur des joues rougissantes, où l’on fait trois pas d’amour, et quelquefois plus, où le violon chante ses gigues enivrantes, où les pieds, pris de vertige, emportent le cœur et la tête en d’étourdissants tourbillons. On a dit son chapelet bien dévotement pendant la messe ; on a entendu les vêpres sans trop de distractions, on peut bien s’amuser un brin, sous le couvercle de la nuit, sans que le bon Dieu se fâche. S’il se fâche, ce sera contre les parents qui ferment les yeux trop tôt ou trop serrés.

* * *

Marcel avait, en effet, sérieusement songé au mariage. Sa fiancée, Héloïse Dubien, n’était pas belle, mais elle était grande et bien faite, elle avait de la grâce dans la démarche et de l’esprit dans la tête. On oubliait vite l’irrégularité des lignes devant l’éclat de ses prunelles. Son cœur était bon, mais des lèvres un peu serrées faisaient comprendre qu’il y avait de la résolution dans son caractère.