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PATRIOTISME

* * *

Marcel s’en revenait meurtri et légèrement blessé. Quelques-uns de ses compagnons cheminaient avec lui, les pieds alourdis par la fatigue, la tête penchée sous le poids des chagrins ; d’autres, moins heureux encore, ne reviendraient jamais. Côte à côte dans une même fosse, ils dormaient le sommeil des martyrs au cimetière de Saint-Charles.

Ils arrivaient. À quelque distance, un bouquet d’arbres gris fermait la route comme un large rideau, et se prolongeait en ligne sombre et tortueuse à travers les prairies nues. Une trouée sinistre ouvrait ces arbres sans feuilles, et, au fond, à une grande profondeur, sous les replis obscurs de la falaise, un ruisseau coulait parmi les cailloux, dans une bordure de givre, étincelante comme une dentelle d’argent.

D’un côté, le chemin descendait, en tournoyant, jusqu’à un petit pont de bois, de l’autre il montait un escarpement raide.

— Enfin, nous arrivons, fit Marcel en