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LE SPECTRE DE BABYLAS

Petit à petit, la terreur se dissipa et l’audace revint.

— Es-tu là, Babylas, demandai-je ?

Personne ne me répondit. Je ne me déconcertai pas. Je suis curieux et je voulais savoir quelque chose de l’autre monde.

— Babylas, repris-je, par la Vierge Marie, je veux que tu parles.

Il se fit un vacarme épouvantable dans toute la maison, et une voix cria :

— Oh ! ce nom ! ce nom ! si je pouvais le prononcer, il me semble que mon supplice finirait !… J’essaie, et mes lèvres impures ne peuvent jamais !… Heureux ceux qui le disent souvent pendant leur vie, ils le chantent dans la mort !

— Souffre-t-on beaucoup en enfer ? demandai-je encore.

Il me répondit qu’il y avait des damnés qui s’y trouvaient mieux que sur la terre. Surtout les hommes qui avaient eu des femmes jalouses ou bavardes, et les femmes qui étaient demeurées incomprises ou avaient eu des maris… réfrigérants.