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PATRIOTISME

fait. Ils ont passé une longue vie ensemble à travailler et à prier, à souffrir et à chanter, à espérer et à aimer. Et c’est lui, l’heureux vieillard qui s’échappe par la route ensoleillée pour aller, une dernière fois, déposer son honnête bulletin dans la boîte discrète. Et c’est elle, la vertueuse vieille femme, qui demande, d’une voix un peu goguenarde, s’il sait bien pour qui voter.

— Si je sais pour qui voter ? — réplique-t-il en brandissant sa canne comme il eût fait d’un étendard — si je sais pour qui voter ?… Hourra pour…

Une bouffée de vent emporta le nom qu’il allait dire.