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UN RÊVE

et mes esprits s’envolèrent je ne sais où…

Alors un homme s’approcha de moi. Je l’avais vu déjà, et plus d’une fois il m’avait aidé de ses conseils paternels. Ses yeux avaient les éclairs du génie, sa lèvre nue, un peu dédaigneuse, souriait avec douceur, sa tête noble s’inclinait légèrement vers l’épaule. Il me tendit la main et me dit :

— Venez !

Je les suivis. De temps en temps je me détournais pour regarder la féérie du soleil et de l’onde, s’unissant dans un baiser de feu.

— Je ne vous arrache pas à la poésie, dit-il encore, mais j’ai pitié de vous et je vous sauve.

Et, quand nous eûmes longtemps marché par les chemins devenus sombres, il me fit entrer dans une demeure étrange où tout le monde venait, mais où personne n’avait son foyer. Nous traversâmes de longs corridors, et ceux qui nous rencontraient se découvraient en faisant de pro-