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UN RÊVE

Un instant, après :

— En politique il ne faut pas dire « jamais ».

Et mon vieil ami, fixant dans le lointain de la pensée son œil rêveur, murmura lentement un nom qu’il est inutile de répéter.

Alors ceux qui étaient penchés sur les feuilles politiques ou les journaux de la chambre, levèrent tout à coup la tête, les uns souriant, les autres paraissant ahuris. Puis, ils se mirent à parler entre eux si bruyamment, que, pendant plusieurs minutes, je ne pus entendre les réflexions de mes livres.

Je le regrette, car à voir l’entrain avec lequel ils s’ouvraient, se fermaient, tournaient leurs feuilles, trépignaient sur leurs tablettes, je devinais une discussion des plus animées et des plus amusantes. Comme ces livres, mis en émoi par la remarque de mon Mentor, étaient presque tous des livres bleus, j’en conclus qu’ils s’accusaient, et s’excusaient tour à tour. Je m’avançai alors vers un endroit de la