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UN RÊVE

une gerbe de pensées liantes revêtues de brillantes paroles, s’éleva tout à coup, et je sentis un frisson de plaisir courir dans tout mon être. C’étaient Homère et Virgile qui récitaient aux siècles nouveaux leurs sublimes épopées ; c’étaient Pindare et Horace qui chantaient leurs odes incomparables ; c’était Tasso, génie sombré dans un océan de douleurs, qui racontait les merveilles des jardins d’Armide ; c’étaient Klopstock, le pieux, et l’aveugle Milton, qui célébraient en des vers magnifiques, l’un, la Chute de l’homme, et l’autre, le Messie promis et attendu ; le Camoëns, le plus illustre enfant du Portugal, aussi étonnant par ses malheurs que par son inspiration ; et d’autres encore, et par-dessus tous, peut-être, Dante Alighieri, poète, sculpteur et peintre, qui sur les ailes de son ardente imagination, avait osé monter jusqu’au ciel pour en surprendre les joies, descendre jusqu’aux enfers pour en voir les tourments, et qui maintenant faisait entendre,