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UN RÊVE

je devais vivre. Ils m’auraient sans doute ouvert des horizons nouveaux, des trouées lumineuses dans les ténèbres de l’avenir ; mais je me sentis touché au bras par une main pesante. Je me détournai vivement. Mon protecteur aimable était disparu, et devant moi se dressait, impassible comme un masque, un homme de haute stature. Il portait une barbe grisonnante, caressée souvent ; et cette barbe dissimulait un peu le travail des ans sur la joue de marbre qui se creusait. Son maintien était fier et son regard qui aurait voulu paraître doux, peut-être, s’allumait d’un rayon d’orgueil.

— Mon ami vénérable n’est plus là ? fis-je avec inquiétude.

Il ne me répondit point ; mais son bras s’étendit majestueusement et son doigt me montra une tombe.

Et comme j’allais m’agenouiller, l’âme serrée par une angoisse amère, la porte aux deux battants rouges, par où j’étais