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LE BAISER FATAL

reconnais plus ? Regarde-moi donc bien, je suis Henriette.

Elle s’interrompit un moment, et son visage tout à l’heure souriant, prit une expression d’indicible étonnement.

— Mon Dieu ! recommença-t-elle en dénouant ses bras, quel rêve affreux j’ai fait !

Est-ce que j’étais folle ? Que m’est-il arrivé ? Il me semblait que tu m’avais abandonnée le jour même de notre mariage, et que, dans mon désespoir, je m’étais enfuie au fond des bois, parmi les bêtes sauvages… Et les bêtes sauvages ne voulaient pas me dévorer parce que j’allais être mère. Combien de temps suis-je restée en cet état ? je l’ignore. Dis-le moi… Une autre femme, plus cruelle que les bêtes de la forêt, se moquait de moi et me disait en riant :

— Ton mari, il m’aime, il m’appelle. Tu ne le presseras jamais plus sur ton cœur. Oh ! comme j’ai souffert !

Mais c’est un rêve, n’est-ce pas ?… C’est un mauvais rêve que j’ai fait… C’est fini