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LE BAISER FATAL

* * *

Les jours longs et brûlants de l’été s’étaient, l’un après l’autre, éteints dans les brumes légères qui couronnaient les montagnes du couchant, et avec eux dans le cœur de l’homme, s’étaient de même éteints bien des soucis amers et des inquiétudes mortelles ; mais Célestin n’avait plus retrouvé la paix d’autrefois, et il allait se consumant dans la mélancolie.

Le spectre de la maison hantée se dressait devant ses yeux, comme le soir où nous avions osé troubler son repos de damné. Il entendait, comme alors, le son argentin des pièces de monnaie, que la voix sépulcrale de l’avare aubergiste comptait sous la pierre de la cheminée. Les rires et les gémissements du fantôme arrivaient tour à tour à ses oreilles, comme des reproches ou des menaces. Il n’entendait plus les paroles qu’on lui adressait : il était obsédé. Les amis parlant entre eux disaient :

— Célestin a quelque chose ; il n’est