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LE BAISER FATAL

Au même moment un grondement sourd fit trembler les fenêtres. Ceux qui ne demeuraient pas loin se levèrent pour partir, mais un éclair fulgurant les repoussa dans la maison. Les femmes jetèrent un cri d’effroi.

— Ne sortez pas, c’est dangereux, assurait-on.

Quelques-uns cependant se sauvèrent en courant.

Bientôt le ciel se transforma en une fournaise ardente ouverte de tous les côtés. Les éclairs brûlaient les paupières et tous les objets s’illuminaient de lueurs plus vives que les feux du soleil, pour s’envelopper ensuite d’un voile de ténèbres plus sombre que la nuit. La foudre éclatait avec un fracas terrible. La pluie se mit à tomber par larges gouttes d’abord, et mollement ; mais bientôt le nuage creva et le torrent se précipita sur les toits, sur les arbres, sur les chemins, partout, ajoutant aux éclats de la foudre un grondement plein d’horreur.