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SANG ET OR

jaculatoires et les soixante et quinze ans du nouvel Énée.

Le père Ducap toussa trois fois, se campa sur sa chaise, et commença en ces termes :

— Ce damné était mon oncle.

— Votre oncle ? fîmes-nous, épouvantés.

— Mon père et lui avaient épousé les deux sœurs, deux jeunes filles assez jolies et fort avenantes, disait-on, mais de caractères tout à fait différents. Ma mère était douce et charitable, l’autre, dure et avare. On est toujours cruel quand on aime l’argent.

Les deux mariages eurent lieu un même matin, dans l’église de Sainte-Anne-de-Beaupré. C’est de Sainte-Anne que viennent mes ancêtres maternels. Mon père, lui, était de l’Île d’Orléans, l’île des sorciers, comme on l’appelait jadis.

Mon oncle Michel Babylas n’avait pas de parents dans nos environs. Il se disait originaire des vieux pays. Même, il affirmait descendre en ligne indirecte du grand prêtre Hanan, qui s’était si fort moqué de