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ÉVANGÉLINE

Suivait Agar sa mère en sa lointaine marche,
Après qu’elle eut quitté le toit du Patriarche.


IV


Le lendemain matin, au lever du soleil,
Quand le bourg de Grand-Pré sortit de son sommeil,
Un océan de pourpre entourait les collines ;
Les ruisseaux babillaient ; et le Bassin des Mines,
Légèrement ridé par l’haleine du vent,
Réfléchissait l’éclat du beau soleil levant :
Et, sur les flots d’azur, les barques aux flancs sombres
Berçaient avec fierté leurs gigantesques ombres.

Après un court repos le Travail vint encor
Du matin radieux ouvrir les portes d’or.
Proprement revêtus des habits du dimanche
Les joyeux paysans à l’allure humble et franche
Arrivèrent bientôt des villages voisins.
Ici quelques vieillards sur le bord des chemins,
S’aidant de leurs bâtons, venaient par petits groupes ;
Là, les gars éveillés, en turbulentes troupes,
Passaient à travers champs, suivant, le long du clos,
Le sillon qu’avaient fait les pesants chariots,
Au temps de la moisson, dans l’herbe verte et tendre.
On grondait les amis qui se faisaient attendre :