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ÉVANGÉLINE

DEUXIÈME PARTIE

I

Déjà s’étaient enfuis bien de sombres hivers,
Les coteaux et les champs s’étaient souvent couverts
De verdure, de fleurs et d’éclatantes neiges,
Depuis le jour fatal où des mains sacrilèges
Allumèrent le feu qui consuma Grand Pré ;
Depuis qu’à des tyrans un peuple fut livré
Par la plus hypocrite et noire perfidie ;
Depuis que loin des bords de la belle Acadie,
La brise fit voguer les vaisseaux d’Albion
Qui traînaient en exil toute une nation !


Les pauvres Acadiens, sur de lointaines plages,
Furent disséminés comme les fruits sauvages
Qui tombent d’un rameau que l’orage a cassé,
Ou les flocons de neige alors qu’un vent glacé