Hors les mouches-à-feu, vivantes étincelles,
Qui tournoyaient dans l’air sur leurs rapides ailes,
Et trahissaient leur vol par un sillon de feu.
Au-dessus de son front, dans le fond du ciel bleu,
Scintillaient vivement les étoiles paisibles,
Pensers du Tout-Puissant à tous rendus visibles.
L’homme n’admire plus ces merveilles de Dieu ;
Seulement, il a peur quand il voit au milieu
De ce temple étonnant qui s’appelle le Monde,
Passer une comète étrange et vagabonde,
Comme une main de flamme écrivant un arrêt.
L’âme d’Évangéline, humble et souffrante, errait
Dans les champs infinis où rayonne l’étoile,
Comme au milieu des mers une barque sans voile.
La vierge s’écria : « Gabriel ! Gabriel !
« Où mènes-tu tes pas ? Où te conduit le ciel ?
« N’entends-tu pas, ami, ma voix qui se lamente ?
« Ne devines-tu point que tu fuis ton amante ?
« Je te cherche partout, nulle part ne te vois !
« J’écoute tous les sons et n’entends point ta voix !
« Oh ! que de fois ton pied, solitaire et morose,
« A foulé ce chemin que de mes pleurs j’arrose !
« À l’ombre de ce chêne, oh ! que de fois, le soir,
« Fatigué du travail, es-tu venu t’asseoir,
« Pendant que loin de toi, sur la mousse endormie,
« En rêve te voyait ta malheureuse amie !
« Que de fois sur ces prés ton anxieux regard
« Erra comme le mien, vers le soir, au hasard !
« Gabriel ! Gabriel ! oh ! quand te reverrai-je ?
« Quand donc, mon bien-aimé, quand te retrouverai-je ?»
Alors, elle entendit gazouiller tout auprès,
Un jeune engoulevent juché sur un cyprès.
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ÉVANGÉLINE