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FÊTES ET CORVÉES

la population toute entière, affublée d’oripeaux étranges, vêtue de costumes pittoresques, travestie et masquée, inonde les rues et les places, crie, chante, pérore, danse, court, se promène, s’agite, comme une mer secouée par une commotion souterraine. Mais, le mercredi des cendres, toute cette foule joyeuse et bruyante encombre les églises et se prosterne dans la poussière.

Venise, autrefois, est montée jusqu’à la gloire, grâce à ses grands citoyens et à ses vaillants soldats ; Venise, aujourd’hui, est descendue jusqu’à l’immortalité — grâce à son carnaval. Car on descend à l’immortalité de chute en chute, comme on y monte degré par degré.

Ici le carnaval se termine par l’enterrement du mardi gras. Dans plusieurs localités de France et des autres pays d’Europe, il se termine par l’enterrement du mercredi des cendres. Le mardi gras d’ici et le mercredi des cendres de là-bas, sont figurée par un bonhomme — quelquefois même une bonne femme de linge ou de paille. Le mannequin, homme ou femme, est enterré ou brûlé avec tous les honneurs dus, sinon à son rang, du moins à l’idée qu’il représente.