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FÊTES ET CORVÉES

bles et immeubles, l’on donne son cœur. Ce qui n’oblige à rien l’exécuteur testamentaire. Et l’on fait bien d’autres petits jeux fort amusants pour ceux qui en connaissent la philosophie.

L’hiver est arrivé. Le givre a remplacé les feuilles sur les rameaux, le ruisseau s’est changé en un ruban de cristal, la neige a jeté, sur nos plaines, son manteau éclatant de blancheur et triste, pourtant, à cause de son implacable uniformité. Les travaux des champs sont depuis longtemps finis et le cultivateur, comme la fourmi prévoyante, a rempli ses greniers. Plus de chants dans le ciel, plus de murmures dans les rameaux ; mais le sifflement de la brise et le gémissement de l’indigence. Cependant un nom mystérieux passe de temps à autre sur l’aile glacée de la rafale ; et, à ce nom, le monde tressaille. Le pauvre, en sa chaumière où il grelotte de froid et rêve du pain qu’il a vu sur la table du riche, le pauvre, sur le point de se désespérer, entend ce nom et reprend courage ; le riche entend