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livre premier

 
 — Fier roseau, courbe-toi
 Devant moi ;
 Je suis des airs la souveraine,
 Je suis ta reine.

— Je ne m’incline point, répliqua le roseau,
 J’ai pour cela trop de noblesse :
 Si mon refus te blesse
Va raconter ta peine à ton ami l’oiseau.

La brise méprisa ce discours malhonnête,
 Et puis continua son vol
En forçant l’orgueilleux à courber jusqu’au sol
 Sa noble tête.

 — C’est un caprice puéril,
 Se dit-il,
Auquel, à l’avenir, je saurai me soustraire.

Une alouette, alors, comme pour se distraire,
 Vint se jucher sur lui
Et le fit de nouveau plier jusques à terre.
 Il en eut de l’ennui
 Mais il voulut se taire,
Tout en se promettant de ne se courber plus.