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fables


— Tu n’auras rien, brigand, c’est moi qui te l’assure,
Réplique le renard à son vieux souverain.
Et, d’un bond, il recule au bord d’une fissure
Qu’il vient d’apercevoir au milieu du terrain.

 — Comment, maraud, tu me jettes l’insulte
À moi le roi des bois ? dit l’ours tout irrité ;
Tu connaîtras bientôt la peine qui résulte
 D’une telle témérité.

— Viens donc, ô roi des bois, je t’attends, et sans crainte :
 Je suis solide comme un roc.

 L’ours s’élança. Pour éviter le choc,
 Le renard, dont la bravoure était feinte,
Fit un saut de côté. L’ours tomba lourdement
 Dans l’ouverture béante
 En poussant un gémissement,
Et le renard reprit d’une voix obligeante :

— Quand vous serez sorti n’oubliez pas, seigneur,
 De venir me voir tout de suite ;
 Vous me ferez beaucoup d’honneur
 Et la perdrix sera bien cuite.