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fables

  
— Sauve-moi, lui dit-elle, et que mon sort te touche,
 Nous ferons amitié ;
 J’ai fameuse mémoire
 Et je me ferai gloire
 De chanter ta pitié.

La mouche qui n’est pas, après tout, fort méchante,
 Bien qu’elle chante
 En nous piquant,
 Prend la captive en croupe
 Et, se moquant
 Des hauteurs de la coupe,
L’emporte, d’un coup d’aile, assez loin du danger.
 On se sépare alors, mais non sans échanger
 Une bonne parole.
 La voyageuse trotte et la mouche s’envole.

 À quelque temps de là, tout en l’air, dans un coin,
 Une araignée, au milieu de sa toile,
 Épiait avec soin,
 Comme à travers un voile,
 Les mouches de l’appartement,
 Et tout à coup, bonne fortune !
 Elle en vit une
 Qui s’engageait imprudemment
 Et s’empêtrait dans son fil traître.