En roulant ces pensers dans son esprit de bête,
Il atteignit l’arrête
Du rocher.
L’aigle, qui le vit approcher,
Craignit pour sa progéniture
Et se mit l’âme à la torture
Pour trouver le moyen d’éviter un malheur.
Avec les vaniteux il est bon de se taire
Ou de vanter bien haut leur menteuse valeur ;
L’aigle salua jusqu’à terre :
— Je ne puis revenir de mon étonnement,
Dit-il. Monter ici sans ailes, quel mystère !
Je voudrais voir le loup, le lion, la panthère
Gravir ainsi que vous cet âpre escarpement :
Ils en sont incapables ;
Ils se vantent, pourtant, de régner tous sur vous.
— Sur moi ? Vous voyez qu’ils sont fous
Autant qu’ils sont coupables.
— C’est vrai, répondit l’aigle avec un air soumis.
Tenez ! les voyez-vous, ajouta-t-il encore,
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