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l’affaire sougraine

— Il ne serait pas nécessaire de le publier tout haut, cet amour, dans le cas il existerait.

— Non, sans doute, mais il se dit tout bas, il se montre dans un regard, il s’élance dans un soupir… Entendez-vous ?

Il poussa un long soupir.

— J’entends, fit Léontine, éclatant de rire.

— L’amour qui rit n’est pas loin d’être cruel, observa le ministre.

— Ce n’est pas mon amour qui rit.

— Ne me faites donc point souffrir davantage. Vous savez bien que j’ai eu l’honneur de solliciter votre main, et vos excellents parents m’ont donné l’assurance que mes vœux seraient comblés.

— Ils ont promis plus qu’ils ne pourront donner, peut-être.

— Comment, vous refuseriez d’unir vos destinées aux miennes ?… Pourquoi donc.

— C’est mon secret.

— Je suis jeune, j’occupe une haute position, l’avenir le plus beau m’est sans doute réservé. Ah ! combien de jeunes filles, dans notre brillante société canadienne, seraient heureuses de devenir la femme de l’Honorable M. Le Pêcheur.