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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/17

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l’affaire sougraine

poussait la flamme. Le cheval écumait et ses naseaux étaient bruyants comme les soufflets d’une forge ; la flamme roulait comme une trombe et jetait un mugissement effroyable. On se fut demandé quelle folie poussait cet homme vers l’implacable brasier. La folie de la charité.

Il passa comme un trait à côté de Sougraine et vint s’arrêter auprès de la jeune fille évanouie sur l’herbe. Il sauta de cheval, enleva l’infortunée d’un bras vigoureux, la mit en croupe et reprit sa course. Cette fois, il fuyait l’incendie.

Alors Sougraine se jeta à genoux en levant. les deux mains comme pour l’implorer. Le chasseur le fit monter près de lui, en arrière, et dirigea sa monture rapide vers une gorge des montagnes, dans l’éloignement.

Les sioux qui le virent entrer dans le campement se moquèrent de lui, disant que les guerriers, ses pères, quand ils revenaient de la prairie, n’emportaient des blancs que la chevelure.

— Vous oubliez, répondit le chasseur, que ma mère appartenait à cette race blanche que vous haïssez : vous oubliez que ma religion m’oblige à faire du bien à tous les hommes.

En parlant ainsi il regardait ses compagnons