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l’affaire sougraine

— Êtes-vous la mère Audet, de Notre-Dame-des Anges.

— Vous connaissez donc mes malheurs ? répondit la vieille femme.

— L’affaire a fait du bruit dans le temps, paraît-il, et d’après ce que nous a raconté un sauvage de l’ouest, votre fille se serait séparée de son ravisseur, aux Montagnes Rocheuses, et serait revenue ici avec des voyageurs canadiens.

— L’on m’a dit cela, mais je ne l’ai jamais revue. Elle aurait dû savoir que le cœur d’une mère pardonne toujours ; elle aurait dû venir se jeter dans mes bras. Oh ! comme j’aurais été heureuse !…

Elle se mit à sangloter de nouveau.

— Chante donc, Léontine, ordonna madame D’Aucheron, pour se donner une contenance. La jeune fille répéta plusieurs romances dont les paroles s’adressaient à Rodolphe absent. Puis, pour ne pas abuser de l’extrême bonté des D’Aucheron, le père Duplessis ramena ses pauvres à leurs tristes réduits.

Alors madame D’Aucheron dit à sa fille :

— Il vaut mieux que cette vieille ne revienne pas ici. À son âge, vois-tu, les émotions sont dangereuses. Tu lui porteras des secours à domiciles.